Le processus d'urbanisation que rencontrent les pays du Sud semble être un "remake" de celui qu'a traversé l'Europe et l'Amérique du Nord lors du XIX et le début du XX siècle. Cependant cette similitude se heurte à la question de l'industrialisation et de l'accroissement du PIB qui en découle. Les pays de l'est asiatique (Chine, Corée,...) sont parvenus à lier urbanisation et accroissement de la richesse. Pendant que les villes chinoises explosaient, le tissu industriel croissait et permettait de multiplier par 3 le PIB par habitant depuis 1965. Mais dans leur grande majorité, les pays du sud n'ont pas développé de puissants moteurs industriels d'exportation similaire à la Chine. Leur urbanisation s'est produite en l'absence de croissance du PIB. Et il est même étonnant de voir que dans les villes où un tissu industriel avait pris, comme Bombay, Johannesburg, Buenos Aires, Belo Horizonte et Sao Paulo, on a constaté depuis la moitié des années 80 des fermetures massives de fabriques et une tendance à la désindustrialisation. Les modèles économiques orthodoxes prévoyaient qu'en cas de récession urbaine la croissance des villes allait chuter avec, dans les cas extrêmes, un retour à la campagne. Mais comme le montrent, entre autres, les exemples africains, ce ne fut pas le cas, bien au contraire. Les villes de Côte-D'Ivoire, de Tanzanie, du Gabon, d'Angola et bien d'autres dont l'économie chutait de 2% à 5% l'an, continuaient à maintenir un accroissement de la population urbaine de 4% à 8%.

Mais alors quelles sont les forces qui poussent tant de paysans à quitter leur terre? Est-ce le "rêve occidental" qui aveuglerait tant de monde et pousserait à aller s'entasser dans la périphérie des villes à la recherche de l'or? Selon Mike Davis, une partie du secret résiderait plutôt dans " l'errance d'une conjoncture politique globale" menée par les pays du Nord avec l'aide du FMI et de la banque Mondiale au détriment des pays de tiers-monde.

Nous présenterons plus loin quelles ont été les conditions dans lesquelles ces politiques ont été mises en place, mais il faut noter ici que l'agro-industrie et les latifundiums auraient été les principaux vecteurs de cet exode rural de la fin du 20^ème siècle.

L'évolution dramatique des pays du Sud est hautement complexe mais ce qui est sûr c'est qu'elle a fixé les bases de la prolifération de la pauvreté urbaine et de son corollaire, les favelas.