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2.5 Écologie des Favelas :
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2.5         Écologie des Favelas :



Quelle soit sur les pentes escarpées des collines de Caracas, sur les abords pollués des chantiers de démantèlement d'épaves toxiques d'Arang (Inde) ou sur les rives des eaux excrémentielles de la rivière Tijipio à Recife, les terrains que les favelas occupent sont toujours à aux risques. Les pauvres urbains échangent leur intégrité physique et leur santé contre quelques mètres carré de terre et une certaine garantie de ne pas être expulsée.
C'est pour cela qu'on retrouve la plus part des Favelas dans des anciens marrais, dans des zones sujettes aux inondations saisonnières, sur les flancs d'un volcans ou d'une colline chancelante, sur une décharge d'ordure ou de déchets chimiques et le long de voies de transports rapides. C'est justement parce que ces endroits sont si dangereux et inhospitaliers qu'ils offrent une protection contre des éventuelles promoteurs privés ou publiques.


Dans les villes Brésiliennes comme Rio de Janeiro, Belo Horixonte et Recife la topographie urbaine a amené de nombreux pauvres urbains à occuper les collines. Suite au déboisement, à l'extrême densification du sol et l'absence de travaux de soutènement ces habitations sont sujet à des glissement de terrains et à de très dangereux éboulement . Selon une étude de 1990, 16 pour cents des habitant des Favelas de Rio perchées sur ses collines courent un risque à court et moyen terme pour leur vie et leurs biens1. À Caracas, c'est quasiment deux tiers de la population urbaine qui vivraient sur des flancs de colline instables où les terrains risquent à tout moment de glisser, risque encore exacerbé par l'activité sismique de la région.

Les inondations sont aussi un danger que bon nombre de Favelas doivent affronter. À Recife, les systèmes de drainage date encore de l'époque coloniale et sont le plus souvent obstrués par des ordures. Ainsi à chaque saison des pluies on voit les eaux sortir des bouches d'égout et inonder des quartiers entiers. À Manille, ces mêmes anomalies accentuée par la déforestation des basins versants provoquent chaque année de terribles inondations qui touchent le quart de la population la plus pauvre. En 1998 c'est 300 milles personnes qui ont perdu leur foyer suite à une tel phénomène2.

Un autre fléau de taille est les tremblements de terre que Kenneth Hewitt, géographe spécialiste en risques, estiment responsable de la destruction de plus de 100 millions d'habitations durant le vingtième siècle. Et c'est bien entendu, les habitations précaires des Favelas qui ont été les plus touchées. Un exemple, lors du séisme de 1978 au Guatemala 1,2 millions de personne perdirent leur maison et les 59 milles foyers de la capitale qui furent dévastés étaient quasiment tous situés dans des Favelas3.

Mais le danger qui préoccupe avant tout les habitants des Favelas, est la peur du feu. « Le mélange d'habitations inflammable, la densité extraordinaire et l'utilisation de foyer pour chauffer et cuisiner est la recette parfaite pour une combustion spontanée »4. Une fois le feu pris, il peut se propager extrêmement vite et les pompiers si ils se déplacent sont stopper par l'étroitesse des ruelles. Même si ces feux peuvent être accidentel, il y a des cas où ils sont le fruit d'un comportement irresponsable. À Sao Paulo, par exemple, j'ai eu l'occasion de rencontrer des jeunes dont le passe-temps et de confectionner des « Balão », sorte de mini montgolfières qui une fois en l'aire prennent feu et retombent ainsi sur la Favelas. Mais le feu peut aussi être une bonne stratégies pour un promoteurs désirant « nettoyer » un terrain favélisé qui aurait pris de la valeur.


Aux risques Naturelles qu'encourent les Favelas, il faut ajouter ceux liés plus spécifiquement au milieu urbain. Dans la liste des terrains sans valeurs immobilières on peut rajouter tous ceux qui sont ou ont été souillés par une industrie polluante, ceux qui subissent les nuisances d'un trafic hypertrophié et ceux délaissés par l'état dont les infrastructures se dissolvent.

Dans les pays du Sud, les exemples d'industries polluantes sont légions, raffineries, fabriques de pesticide, retraitement des déchets informatiques, recyclage de batteries, fonderies, teinturies, tanneries, etc... Comme les normes environnementales sont souvent inexistantes et que ces industries sont entourées de favelas on constate d'innombrables tragédies. L'année 1984 est particulièrement éloquente, un oléoduc explosa en février à Cubitão (Sao Paulo), et provoqua un incendie qui tua 1500 personnes. Huit mois plus tard, un fabrique Pemex de gaz naturelle liquéfié explosa dans le quartier de San Juanico à México et 2 milles habitants de la favela voisine furent tués. Puis trois semaines après, la fabrique de la Union Carbibe à Bhopal, capital de Madhya Pradesh, libéra un nuage de toxique qui tua sur le coup sept milles personnes puis ultérieurement 15 milles succombèrent à des maladies relationnées5. Ils suffit d'éplucher les journaux du Sud pour rencontrer un nombre toujours plus croissant de fait divers du style. Et à chaque fois c'est les personnes qui sont dans les conditions les plus précaires qui sont les plus sévèrement touché.

Un autre prédateur du pauvre urbain est en train de se répandre de façon extraordinaire dans toutes les villes Sud : les véhicules motorisés. En 1980, dix-huit pour cent des voitures du monde se trouvaient dans les pays du sud, en 2020 on prévoit que ce rapport sera de cinquante pour-cent6. Avec l'explosion des transports individuels motorisés et l'absence d'infrastructure adéquate, le trafic tue aujourd'hui plus d'1 million de personne par année dont deux tiers de pédestre. Selon l'OMS les coût économiques globaux des morts et handicapés de la route seraient quasiment équivalent à deux fois le budget totale de l'aide au développement accordé à l'ensemble des pays du Sud. Ils prévoient qu'en 2020 la route sera la troisième plus grande cause de mortalité pour les pauvres urbains7.

L'absence de politique publique pour les transports publiques rends ceux-ci inaccessibles aux pauvres et la qualité des services est tellement médiocre qu'un citoyen de classe moyenne ne rêve que d'une chose: posséder son propre véhicule. À Recife par exemple, le prix d'un aller simple sans transbordement coûte 2,45 Reis quant un salaire minimum est des 300 Reis. Rien que pour les coûts de transport pour se rendre à son travail en bus, un employé gagnant un salaire minimum devra dépenser un tiers de son budget.

 

 


1Taschner, « Squatter Settlements and Slums in Brazil », p.218 in Planeta Favela p.128

2Mike Davis, Planeta Favelas p. 129

3Kenneth Hewitt, Regions of Risk: A Geographical Introduction to Disaters (Harlow, Longman, 1997), p. 217-8. in Planeta Favela

4Mike Davis, Planeta Favelas p. 133

5Idem p.135

6M.Pemberton, Managing the Future:World Vehicle Forecasts and Stratgies to 2020, v.1: Changing Patterns of Demand, Londres, Autointelligence, 2000; et Daniel Sperling et Eileen Clausen, « The Developing World's Motorization Challenge », Issues in Science and Technology Online, outono (terceiro trimestre) de 2002, p. 2 in idem p.136

7OMS, « Road Safety Is No Accident! », nov. 2003; et Raod trafic Injuries Research Network, cité dans Detroit Free Press, 24/9/2003 in idem p.138

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