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2.2 Urbanisation galopante : Dans son livre, Mike Davis illustre le tournant historique que va vivre prochainement l'humanité : Pour la première fois, la population urbaine de la terre sera plus nombreuse que la population rurale. Ce basculement lié à l'extraordinaire explosion de la croissance de la population mondiale provoque une transformation de la face de la terre. En 1950, il y avait dans le monde 86 villes de plus d'1 million d'habitants; aujourd'hui on en dénombre 400, et en 2015 elles seront au moins 550 (UN Departement of Economis and Social Affairs, 2002). Quasiment 2/3 de la croissance de la population mondiale est absorbée par les villes . Pour saisir l'ampleur du phénomène il faut savoir que depuis les années 1950, c'est 1 million de nouveaux-nés et de migrants qui viennent chaque semaine s'ajouter à la population urbaine (The Johns Hopkins Bloomburg School of Public Health, 2002). Dans cette course à l'urbanisation, il faut savoir que 95% de cette croissance urbaine s'effectue dans les pays du Sud. En effet, la population urbaine actuelle de la Chine, de l'Inde et du Brésil correspond pratiquement à celle de l'Amérique du Nord et de l'Europe. De plus, la vitesse de croissance actuelle des villes des pays du Sud n'a plus rien à voir avec celle qu'ont pu avoir les villes européennes lors de la révolution industrielle. Par exemple, Londres était 7 fois plus grande en 1910 qu'en 1800, aujourd'hui des villes comme Daca (Bangladesh), Kinshasa (Congo) et Lagos (Nigéria), sont environ 47 fois plus grandes qu'en 1950. En Chine, le nombre de nouveaux habitants des villes des années 80 est à lui seul plus élevé que l'ensemble des citadins de l'Europe de tout le 19ème siècle (Financial Times, 2000).
Table 1: Distribution of the world’s urban population by region, 1950–2010
Source: Statistics drawn or derived from United Nations (2002), World Urbanization Prospects; 2001 Revision; Data Tables and Highlights, Population Division, Department of Economic and Social Affairs, United Nations Secretariat, ESA/P/WP/173, New York, 181 pages.
L'une des nouveautés liées à ce phénomène est l'apparition de villes de plus de 8 millions d'habitants, les « mégavilles » et encore plus spectaculaire les « hypervilles » avec plus de 20 millions d'habitants. Ces gigantesques conurbationsdefwiki se retrouvent tout autant en Inde avec Mumbai, dans le golfe de Guinée avec Lagos qu'au Mexique avec Mexico. Bien que ces "mégavilles" soient souvent les principaux pôles de croissance économique des pays, ce sont les villes moyennes (500 milles à 1 million d'habitants) qui vont accueillir selon Mike Davis, les ¾ des nouveaux habitants urbains. La Chine a passé de 193 villes en 1978 à 640 aujourd'hui, alors que les grandes villes traditionnelles ont réduit leur participation relative à la population urbaine totale. Ce qui revient à dire que ce sont les petites et moyennes villes qui ont absorbé la majeure partie de l'immigration paysanne. Dans cette restructuration de la hiérarchie urbaine on remarque que l'ancien paradigme de la ville riche, versus la campagne pauvre, s'illustre aujourd'hui par le rapport qu'entretiennent les « méga-villes » avec les centres urbains périphériques. Dans ce mouvement de propagation du milieu urbain tout azimut, on rencontre de plus en plus souvent des difficultés à trancher entre zone urbaine et zone rurale. On assiste à une sorte d'hybridation des territoires. Certains chercheurs de la région de Jakarta ont dénommé cette façon d'utiliser la terre des "desakotas" ou "villages-villes". Ils se demandent aujourd'hui si ce sont des paysages de transition ou une nouvelle espèce d'urbanisme dramatique (McGEE, 1991).
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