COPROPOLIS
3.2 La planification face à l'urbanisation
français | english
Navigation
Ce wiki
Cette page

3.2        La planification face à l'urbanisation


 

La question de la ville, du point de vue de sa gestion et de sa planification n'est pas un problème nouveau. On trouve à travers le monde, de nombreux exemples de cités dont les civilisations ont ponctué l'histoire de l'humanité. Ce qui est nouveau cependant, c'est l'ampleur du phénomène d'urbanisation. Comme nous l'avons vu précédemment, c'est bientôt la moitié des 6 milliards de terriens qui vivra dans une zone urbaine. Cette réalité a des répercussions gigantesques sur la nature même de la ville. Que ce soit dans les villes du Sud ou dans celles du Nord, cette révolution a contraint les acteurs traditionnels de sa gestion et de sa planification à repenser leurs fonctions et la représentation qu'ils pouvaient s'en faire.

L'oeuvre de Nigel Taylor, Urban Planning Theory since 1945, est à ce titre une analyse passionnante de l'évolution de cette problématique du point de vue britannique. Je me propose de présenter ici les éléments significatifs de cet ouvrage qui pourront aiguiller ma recherche sur la conception du rôle de l'architecte au sein des favelas. Avant de se plonger dans son oeuvre, il est intéressant de noter que ce professeur d'architecture et d'urbanisme de l'université de West England, a une formation de philosophe, ce qui lui permet de poser un regard transdisciplinaire sur cette question.

Jusque dans les années 60, la théorie de la planification urbaine et sa pratique étaient dominées par la vision héritée des lumières et des réalisations du 19éme siècle qui ne fait pas de distinction entre l'architecte et l'urbaniste. En effet, le savoir faire de l'architecte était considéré comme pouvant être répliqué à l'échelle de la ville. Ainsi, de la même façon que l'architecture, la planification urbaine était vue comme un art, bien que souvent connoté d'« appliqué » vu les contraintes fonctionnelles auxquelles il devait se plier. Cette représentation impliquait une conception principalement physique ou morphologique des projets et les préoccupations se portaient avant tout sur des questions esthétiques. En effet, l'architecte de l'époque était avant tout un « faiseur de beau » qui à l'aide de ses plans visait la perfection d'un objet esthétique, perfection esthétique considérée à l'époque comme devant être la réponse à l'épanouissement de l'être humain. Toutes les politiques d' « embellissement » des villes du 19ème siècle répondent à cette vision. Et plus tard, le mouvement moderne, malgré son désir de rupture avec les beaux-arts, est resté dans le registre de l'architecture en temps qu'objet, ajoutant une dimension de normalisation de l'espace urbain. La « cité radieuse » du Corbusier ou le projet de Lucio Costa pour Brasilia sont des exemples illustrant parfaitement cette approche formelle de l'architecte-urbaniste.



La scission se produisit durant les années 60, lorsqu'une partie des « architectes-urbanistes » et des professionnels du milieu urbain rejetèrent la vision essentiellement physique ou morphologique de la ville pour défendre une conception différente. Pour eux, la ville est un système d'activités inter-reliées dans un état constant de flux. Là où les architectes-urbanistes avaient vu et jugé la villes principalement selon une perspective physique et esthétique, ceux-ci l'examinent maintenant en terme de vie sociale et d'activités économiques. Selon le géographe anglais David Harvey, une conception sociologique de l'espace remplace une conception géographique et morphologique de celui-ci.




Étant donné que la ville est vue désormais comme un chose « vivante », la planification est considérée comme un processus évolutif, ce qui contredit la conception classique d'un « état final parfait » ou l'application d'un master plan figé. Finalement l'ensemble de ces exigences remettent en question le savoir-faire traditionnel de l'architecte tel qu'il était utilisé jusque-là. Si l'urbaniste doit maintenant contrôler et planifier des systèmes dynamiques et complexes, ce sont dorénavant des méthodes d'analyse rigoureuses et « scientifiques » qui semblent être les nouvelles compétences nécessaires. Ceci implique une rupture profonde avec l'idée traditionnelle de considérer la planification urbaine comme un art.

Bien qu'une nouvelle génération de planificateurs urbains ait vu le jour avec l'apparition des urbanistes, on a constaté que cette nouvelle vision de la planification était plus appropriée  à un niveau stratégique sur le long terme que la réalisation de projets à l'échelle locale. Cependant, même si les urbanistes continuèrent à utiliser des master plans pour communiquer leurs projets, les facteurs sociaux et économiques vinrent enrichir les dimensions physiques et esthétiques.

Bien que ceci ne fasse pas partie du livre de Niguel Taylor, il me semble important de relever que cette première rupture au sein des professionnels de la ville est survenue durant l'époque des « trente glorieuses ». Époque durant laquelle les villes du Nord ont été confrontées à une très grande croissance urbaine et à une restructuration profonde causée par l'apparition des véhicules motorisés individuels. Ces nouvelles libertés de mouvements permirent une occupation du sol personnalisée qui produisit l'effet de l'étalement urbain que l'on connaît aujourd'hui. C'est aussi à cette époque qu'ont surgi les prémices des grands problèmes environnementaux liés au mode de vie occidental, tels que la pollutions des eaux ,de l'air et des sols. De mon point de vue, je vois dans cette redéfinition des intérêts des urbanistes, l'amorce d'une tentative de trouver des outils afin de répondre à ces nouveaux défis.

Tandis que la plupart des architectes et des écoles d'architecture continuèrent à se concentrer sur l'objet architectural, tentant de le faire passer de l'ère « moderne » à l'ère « poste-moderne », une seconde rupture majeure s'est produite au sein des nouveaux spécialistes de la ville. En effet, les urbanistes pressés par les nouvelles réalités des villes, ont engagé une réflexion sur leurs propres rôles au sein de cette nouvelle société urbaine.



 

Nous avons vu que lors de cette première rupture, les savoir-faire requis pour remplir la charge de l'urbaniste avaient radicalement changé. Alors que la vision traditionnelle exigeait des capacités d'appréciation esthétique et de dessin, la conception systémique liée aux processus rationnels demandait des savoir-faire scientifiques et de l'analyse logique. Ces deux visions perpétuaient la représentation de celui-ci comme un professionnel de l'espace détenant des savoir-faire particuliers que l'homme de la rue n'avait pas ( savoir-faire qui légitimaient ses actes ).

Cependant, lors de cette évolution, on commença à reconnaître que les projets de planification n'étaient pas dicté simplement par des considérations techniques mais comportaient un degré important de subjectivité, lié aux valeurs de l'urbaniste ou du commanditaire. Ainsi surgit la question de savoir si l'urbaniste avait réellement des capacités plus grandes qu'un personne ordinaire pour juger si tel ou tel type d'environnement était digne d'être construit. De nombreuses expériences de planification des années soixante – la planification des grands ensembles d'habitations en France ou la planification du tracé des autoroutes comme celle qui traverse la ville de Morges par exemple - semblent indiquer que non. Cette conscience que la planification était une question de valeur liée à un processus politique n'amena pas réellement à se demander quelle devrait être désormais l'expertise d'un urbaniste, mais souleva plutôt la question plus fondamentale de savoir s'il existait vraiment une telle expertise.

De cette interrogation découlèrent deux écoles qui persistèrent jusqu'à aujourd'hui. D'un côté, il y a ceux qui continuent de penser que la pratique de la planification requiert des connaissances spécifiques et un savoir-faire particulier – design urbain, régénération urbaine, développement durable, etc -, de l'autre, un courant qui reconnaît pleinement que la planification urbaine est une question politique et de jugement de valeur. Une conclusion de ce constat serait qu'il faille rejeter entièrement l'idée que la planification urbaine nécessite une expertise spécifique quelle qu'elle soit, cette vision radicale défendue par Goodman et Evans est restée marginale. La majorité des théoriciens de la planification urbaine de ce courant ont développé une conception alternative. Bien qu'ils rejettent toujours l'idée que l'urbaniste soit quelqu'un qui est spécifiquement qualifié pour prendre les meilleures décisions,  ce qui est « meilleur » est une question de valeur, et l'urbaniste n'a pas de savoir-faire particulier qui puisse le rendre plus apte pour faire un jugement de valeur sur une option environnementale. Mais ils sont convaincus que l'urbaniste détient un savoir-faire spécifique. Celui-ci, serait son aptitude à gérer le processus amenant les protagonistes d'une question urbaine à se mettre d'accord pour l'application d'une planification. De cette prise de position originale, naquit un nouveau courant de la théorie de la planification. Il considère désormais le rôle de l'urbaniste comme étant la personne responsable d'identifier les groupes concernés pour un développement territorial particulier et d'agir en temps que médiateur pour résoudre leurs conflits d'intérêts. L'urbaniste n'est plus vu comme un expert technique détenant une connaissance supérieure pour planifier les villes mais plutôt comme un « facilitateur » de la vision d'autres personnes sur la façon dont une ville ou une partie d'une ville devrait être planifiée.


Les dernières recherches sur l'élaboration de ce courant se sont portées sur la question des aptitudes à communiquer. En effet, afin que la démarche du « facilitateur » ne se transforme pas en un modèle de planification coercitif, il lui est essentiel de maîtriser les savoir-faire de la communication interpersonelle et de la négociation. On parle alors de planification communicative. L'urbaniste devrait être avant tout capable d'écouter et de conseiller.



Le dialogue qui a du sens – apprenant le langage du client – est au coeur d'un véritable processus de conseil. Conseiller n'est pas donner un avis ou pousser le client dans une direction particulière, mais le laisser voir de lui-même pleinement la situation et par cette découverte, initier un proccesus d'apprentissage lui permettant d'accroître ses connaissances personnelles. Lorsque les bureaux du gouvernement local cherchent des voies pour inclure les citoyens dans la prise de décision, ils doivent adopter différents processus de conseil – une écoute active, une prise en considération sans jugement, et une disposition à l'empathie. Comment les gens peuvent-ils prendre part au processus de prise de décision si on ne les « rend pas capables » de le faire? (Healy et Gilroy, théoriciens de la planification urbaine 1990).



Cette perception est bien éloignée de la vision de l'urbaniste en tant que designer urbain ou analyste de système.



Malgré cette rupture entre ces différentes conceptions du rôle de l'urbaniste, il est possible d'imaginer des fusions regroupant ces points de vue divergents. En effet, ceux qui considèrent l'urbaniste comme étant avant tout un communicateur et un négociateur peuvent reconnaître qu'il est de son intérêt d'avoir des connaissances spécifiques qui, par exemple, pourraient lui permettre de décrire les conséquences d'une proposition de développement sur la forme et le fonctionnement d'une ville. Il est donc reconnu que pour être effectif en tant que conseiller, un tel urbaniste devrait d'une part avoir été formé à communiquer et à négocier, et d'autre part, posséder des connaissances spécifiques pour pouvoir assister chacun des acteurs, afin de lui permettre de rencontrer un consensus pour la réalisation du projet urbain qui les a réunis.



Finalement, selon Nigel Taylor, la planification urbaine n'est pas, au sens strict, une science (pas même une science sociale). C'est plutôt une forme d'action sociale, mue par certaines valeurs morales, politiques et esthétiques dans le but de donner forme à l'environnement physique. C'est pour cette raison que ce type d'action sociale peut se retrouver sous de multiples formes. Cependant, afin de répondre au mieux aux nécessités d'un lieu, ce processus a besoin avant tout de jugements éclairés, jugements qui devraient découler du consensus trouvé par l'ensemble des acteurs concernés par le problème posé.



Ce survol de l'analyse de Nigel Taylor, a permis de voir comment l'urbaniste a su porter un regard neuf sur son propre rôle. Comment d'une position d'acteur omniscient, il s'est repositionné sur l'échiquier en tant que « facilitateur ». Je vois personnellement dans cette représentation l'image de la sage-femme qui par son savoir-faire aide à l'accouchement d'une idée, d'un projet. C'est pour moi,  en définitive, comme la relecture du concept millénaire qu'est celui de la maïeutique. Deuxièmement, cette rupture avec l'idée que la planification serait un art, a permis à l'urbaniste de se libérer des contraintes intrinsèques de l'artiste. De fait, l'urbaniste peut désormais mettre son savoir au service de la communauté sans avoir le besoin d'exister en temps qu'auteur. Cette distanciation est aussi valide envers une conception purement scientifique de la planification urbaine. Comme nous l'avons vu, l'urbanisme est une action sociale, donc liée avant tout à une pratique humaine, ce qui l'exclut de toute approche purement rationnelle. C'est finalement à mes yeux, une pratique collective qui produit un environnement construit cultural au sens de Serge Latouche - une réponse que les groupes humains apportent aux problèmes de leur existence sociale -, un urbanisme propre au lieu, un urbanisme vernaculaire. J'aurai l'occasion de préciser cette vision dans la dernière partie de ce chapitre, mais avant cela j'aimerais resituer cette conception de l'urbanisme face à la problématique des villes du Sud.



L'analyse, même sommaire, de n'importe quelle ville du Sud illustre avec clarté l'hypothèse qui veut que la planification soit une question politique et de jugement de valeur. En effet, comme nous l'avons vu précédemment, les inégalités y sont criantes et perpétuées par les classes dirigeantes. Ainsi, malgré les indépendances coloniales et l'abolition de l'apartheid, on retrouve des situations surrélistes où, par exemple à Nairobi, plus de la moitié de la population vit sur 18% de la surface de la ville (Sartori, Nembrini, Stauffer, 2002), tandis qu'en Inde selon le géographe Arjun Appadurai, 6 millions de pauvres  occuperaient seulement 8% de la ville de Bombay.

Cette ségrégation urbaine que l'on retrouve dans l'ensemble des villes du Sud, n'est pas un processus figé, mais est le lieu d'une véritable guerre sociale. Sous prétexte de projet d'embellissement de la ville et de progrès urbain, répondant avant tout aux intérêts des « élites », les urbanistes sont responsables chaque année de la destruction de centaines de milliers, voir de millions d'habitations à travers le monde. Ils poussent les pauvres à vivre une vie de nomade, sorte d' « habitant transitoire dans un état perpétuel de relocalisation » (Agbola, 1997).

Les délires "Haussmanniens" ressurgissent 150 ans plus tard. Ce n'est plus les sans-culottes de Paris qui « sont fatigués des grandioses actes homicides [...] de ce vaste échange de pierres par les mains des despotes » mais les peuples déshérités des villes contemporaines. Aujourd'hui, à l'aide du plan panoptique coercitif Haussmannien, ses nouveaux disciples ont la tâche de nettoyer, construire et défendre des îles de cibermodernités au milieu d'un océan de précarité urbaine où règnent le manque d'infrastructure et le sous-développement (Davis, 2006).



Tableau 3 (Davis, 2006)

Quelques célèbres éliminations de Favelas

Année(s)

Ville

Nombre de personnes déplacées

1950

Hong Kong

107 milles

1965-1974

Rio de Janeiro

139 milles

1972-1976

Dacar

90 milles

1976

Mumbai

70 milles

1986-1992

Santo Domingo

180 milles

1988

Séoul

800 milles

1990

Lagos

300 milles

1990

Nairobie

40 milles

1995-1996

Yangon

1 million

1995

Péquin

100 milles

2001-2003

Jacarta

500 milles

2005

Harare

750 milles



Le concept d'urbanisme communicatif a surgi dans un contexte où l'ensemble des membres de la société avait les capacités de défendre leurs intérêts – éducation, liberté de la presse, représentation politique, etc... - . Ainsi la consolidation de la démocratie dans les pays du Nord semble être le point de départ de ce type d'action sociale. Pour les pays du Sud, Il est fort probable que dans la plupart des cas, ces conditions ne sont pas remplies. On assiste à contrario à une surreprésentation, dans tous les organes décisionnels de la société, d'une minorité qui défend ses propres intérêts. Dans un tel contexte, quelles sont les marges de manoeuvre pour un urbanisme communicatif ?



La première hypothèse est la suivante : malgré les stratégies de fortification et de Gate community, la vie de la minorité aisée devient de moins en moins supportable. À Recife par exemple, bien que les riches se soient réfugiés dans des tours new-yorkaises, il ne sont pas à l'abri des dysfonctionnements chroniques de cette ville: Les 20 homicides recensés chaque semaine dans la capitale pernamboucaine ne touchent pas uniquement les périphéries, mais frappent aussi dans les « beaux quartiers », créant un sentiment de psychose permanente ; les eaux fétides des rivières sont aussi une réalité qui n'épargne aucun citadin. Vecteurs de multiples maladies, ces eaux rendent la plupart des plages urbaines impropres à la baignade. Alors, à moins d'avoir comme à Sao Paolo un hélicoptère pour éviter toute rencontre avec les réalités de la rue (Sao Paolo a la plus grande densité d'hélicoptères au monde), la vie même des plus riches ressemble à un enfer.



Pour surmonter ces crises, vu que les projets haussmaniens n'ont pas atteint leurs objectifs ou ne peuvent tout simplement pas être financés, les autorités se trouvent devant l'obligation de développer de nouvelles stratégies. C'est dans cette perspective que le planning communicatif peut être considéré comme une alternative intéressante. En effet, cette démarche vise à amener le plus grand nombre d'acteurs de la vie urbaine à confronter leurs intérêts et tenter de trouver des solutions communes et viables pour l'écosystème de la ville. Le présupposé de base est le même que celui de la démocratie: la rencontre, la confrontation et le respect de l'ensemble des intérêts génèrent un consensus et permettent l'application d'une planification urbaine répondant aux besoins de chacun.



La deuxième hypothèse est consécutive à la première. L'action sociale menée par la planification communicative est l'opportunité de considérer le projet d'urbanisme comme un processus d'apprentissage pour l'ensemble des acteurs concernés. En effet, il faut reconnaître que les populations pauvres ont un accès très restreint à l'éducation et ont des capacités d'organisation réduites face aux moyens de la minorité privilégiée. Pour cette raison, l'urbaniste, après avoir identifié les groupes d'intérêts concernés par une hypothétique planification, est aussi responsable d'initier les processus permettant de « rendre capables » chacun d'eux à participer aux prises de décision (voir plus haut Healy et Gilroy).







Vu la complexité et la dimension des villes du Sud, le périmètre d'action traditionnel de l'urbaniste ne semble pas pouvoir permettre une approche aussi complète. Pour cette raison il me semble nécessaire de procéder à une réduction du champs d'action de ce dernier. Bien qu'il s'agisse de garder la vision globale de l'urbaniste sur les problématiques de la ville, l'échelle du projet d'architecture me semble plus collé à la réalité de l'ensemble des tâches dont on l'a chargé. De la maison individuelle à la communauté ou au quartier, les limites de l'échelle du projet d'architecture ne sont pas non plus vraiment définies, mais l'important est que cette échelle permette la construction d'un processus participatif où chaque groupe d'intérêts aie la parole. En définitif, c'est la faisabilité du processus de planification communicatif qui délimitera l'échelle d'intervention.


Pour illustrer cette idée, il est intéressant de présenter comment la ville de Recife tente de répondre à ses problèmes d'assainissement. N'ayant pas les moyens financiers et organisationnels pour implanter un système d'égouts et de traitement des eaux sur l'ensemble de son territoire, la préfecture de Recife, a décidé de concentrer ses efforts sur l'une des rivières qui la traverse. C'est ainsi que le bassin de la rivière du Beberibe est devenu le théâtre d'un projet participatif de gestion décentralisée des eaux usées, PROMETROPOLE. Ce projet qui vise à solutionner le problème gravissime de la pollution des eaux de cette rivière, divise cette région principalement occupée par des Favelas en 17 sous-unités. Chaque unité devra être le lieu d'un projet de planification participative lié à l'assainissement des eaux usées. La première unité qui est sur le point d'être réalisée a été pilotée par une équipe d'une vingtaine d'architectes et d'ingénieurs. Ils ont mené durant une année tout un travail de formation et de planification participative qui a débouché sur la construction d'un complexe d'habitations in situ pour les familles déplacées, la revitalisation d'un bout de rive du Beberibe, la construction d'un réseau d'égouts et d'une station d'épuration.

Cet exemple montre comment, dès aujourd'hui, les architectes de PROMETROPOLE sont amenés à maîtriser les savoir-faire de la planification communicative.

Pour saisir un peu mieux quelles sont ces nouveaux savoir-faire, je vais présenter dans le chapitre suivant deux éléments qui me semblent clefs dans cette redéfinition du rôle de l'architecte: La recherche-action et le processus participatif.

Rechercher
Partager